samedi 3 septembre 2016

LES SOIRS D’ÉTÉ

J'aime ces soirées de fin d'été qui refusent de se clore, ces longues discussions qui sautent du coq à l'âne au gré des envies, et cette douce torpeur qui nous étreint et nous rassemble...  Dans la langueur des nuits d’été les sons s’étirent à l’infini, les odeurs s’exaltent et les gestes se calent sur les attentes de l’autre. Il n’est rien de plus doux à mon cœur que le plaisir de partager ces heures rares avec mes amis, d’ajouter une chaise, puis deux, puis trois pour agrandir le cercle. Sur les tables s’entassent les verres, les tasses à café, les paquets de cigarettes, les briquets, les lunettes de soleil, les portables ! La vie est là, présente mais discrète, comme un rappel à la réalité mise entre parenthèses. Les rires s’égrènent, les bons mots fusent, la nostalgie s’installe sans prévenir au détour d’un récit... De l’humanité de l’autre on prend conscience sans à coups, naturellement, elle s’installe et grignote les certitudes en ouvrant de nouvelles perspectives. Les enfants jouent, ils crient et se poursuivent, toujours à portée d’œil et de voix, rebelles et confiants, avec cette insouciance propre à la jeunesse dont on vole volontiers une part ici et là pour se garder de vieillir. Le plaisir d’être ensemble vaut tous les bonheurs, les âmes se cernent avant de s’épanouir dans une amitié solide, construite sur de petits riens qui n’ont pas de prix. Il est difficile de se quitter, si la raison n’imposait pas de nous séparer nous serions encore attablés aux petites heures du matin, bâillant un peu, parlant beaucoup, baissant la voix avec le jour qui revient... Chacun s’en retourne à sa réalité, emportant ces heures précieuses qui revivront en d’autres nuits. L’été, parfois, n’a pas de fin...

Ecrit à Beaucaire,
le 03 septembre 2016