vendredi 21 juillet 2017

PAGE BLANCHE

On peut écrire sur un tas de choses, et parfois même sur des instants de vie qui laissent une trace plus ou moins profonde dans la nôtre. Mais vient inévitablement l'instant T tant redouté, celui de la page blanche. Ce syndrome que tout auteur craint comme la peste et qui frappe sans prévenir, de préférence au mauvais moment, déclenche des réactions en chaîne et une remise en question qui peut s'avérer très douloureuse.

Pour moi, qui écrit depuis l'âge de huit ans avec une déconcertante facilité et plus ou moins de bonheur, me retrouver devant la page vide de mon écran d'ordinateur est une expérience des plus inquiétantes. Je ponds une phrase ou deux, parfois un paragraphe ou deux, puis plus rien ne vient... J'attends. Les idées sont là, elles se bousculent dans ma tête et je ne parviens pas à les ordonner pour les restituer dans la forme qui saura accrocher mes lecteurs. J'essaie, j'arrête, je recommence ! Alors me vient l'idée saugrenue d'écrire sur le fait que je ne peux écrire. De partager cette angoisse qui m'étreint, cette impatience qui alimente ma colère, ce trop plein qui m'encombre et me décourage. 

Je me remémore mes meilleurs instants d'écritures, les mots qui se précipitent sous mes doigts, le bruit réconfortant du clavier martelé à vive allure pour donner naissance à des textes dont je ne rougis jamais d'assumer la paternité. Instants bénis qui m'isolent du monde extérieur et du temps, qui m'insufflent autant d'énergie qu'ils m'en prennent, paradoxe immémorial de toute création... J'enrage de ne pouvoir atteindre ce nirvana pour lequel je suis venue au monde, l'écriture est toute ma vie, elle me définit, elle est ma force. Ce que parfois je ne peux ou ne sais dire passe par l'écrit avec aisance, les mots demeurent et se gravent dans l'esprit de ceux qui les lisent. Le message, qu'importe ce qu'il soit, passe. Le relais est accompli.

Aucune forfanterie dans mon propos, juste la conscience de ma capacité à transmettre. Ma lecture des événements, des faits, des idées que je commente, se fait avec simplicité. Je porte avec assurance un regard aiguisé sur le monde qui m'entoure, sur les gens aussi. Et si certains pensent m'abuser par l'opacité ou la fausse simplicité de leurs discours je veux leur dire aussi qu'il n'en est rien. Tout cela m'amuse, me nourrit, me conforte dans mes choix d'écriture autant que dans mes choix de vie. Ecrire bouscule mon âme, affine mon esprit, dope mes neurones, donne du sens à ma vie. Depuis toujours. Et cela ne s'arrêtera qu'avec moi.

Mais certains jours de souffrance, lorsqu'il m'est impossible d'accoucher d'un texte, j'en pleurerais...

Ecrit à Beaucaire,
Le 21 juillet 2017

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