mercredi 31 mai 2023

Comme un cri

Comme un cri qui s'élève

Haut dans le ciel

Et s'étire encore et encore

Jusqu'à toucher le soleil

Un acte de joie pure

Un voeu d'espérance

Et le cri s'étend et s'envole

Dans l'infini des cieux

Jusqu'à toucher l'horizon

Un chant d'émerveillement

Un hymne de puissance

Et le cri retombe et sombre

Brûlé par l'infini

Il disparaît lentement

Jusqu'à se fondre dans le néant

Dernier souffle de vie

Une étincelle d’avenir…


Écrit à Beaucaire, le 31 mai 2023

Ainsi il marche

Ainsi il marche dans la vallée de la mort

Étreint d'angoisse et pourtant libéré

Du poids d'une vie qui l'enfonçait en terre

Il ne marche pas, il danse !

Il sautille et il tournoie dans les ombres

Elles planent autour de lui

Elles tourbillonnent dans ses pas

Ivre de sa liberté

Il ne danse pas, il vole !

Il étend ses bras comme des ailes immenses

Et les ombres le portent

Elles se perdent dans les nuées

Ivres de sa légèreté

Il ne vole pas, il s'élève !

Dans un souffle ultime il atteint le néant

Et les ombres le dévorent

Les ombres l'engloutissent

Ivres de sa jouissance.

 

Écrit à Beaucaire, le 31 mai 2023


dimanche 25 septembre 2022

Le Temps


Le temps qui s’étire 

Et danse, danse

Dans les vagues de l’oubli 

Et ta main, là 

Sur mon front

Comme un cadeau repris

Qu’on n’ouvrira jamais 

Moment de grâce 

Moment d’ennui

Léger, trop

Doux

Pensée qui traverse le temps

Furtivement 

Moment donné 

Moment repris 

Et mon cœur qui chante

Balbutie

En pleurant 

Et toi, là 

Immobile 

Statue glacée 

Qui juge

Qui s’éloigne 

Tristesse infinie

Des adieux oubliés…


Beaucaire, le 24 septembre 2022

mercredi 6 octobre 2021

D'un Trou...

D’un trou faire un monde
Partir du néant pour aboutir à l’exploit
Et bondir dans la ronde
Doucereuse et perverse de l’entre soi
Du cratère remonter en rampant
Pour se tenir droite face à l’infini
Arpenter cette terre en sang
Et chasser le jour d’un geste de nuit
Du fond de soi-même lancer
L’unique cri lancinant qui résonne
Et se mettre alors à danser
Sur le tempo lugubre du glas qui sonne...

Ecrit à Beaucaire le 8 septembre 2018

Quatrain de Nuit

Il est plaisant de découvrir
Un peu d'amour dans sa couche
C'est cela ou bien s'ouvrir
A tout ce qui ouvre la bouche 

Ecrit à Paris, le 6 septembre 2009

vendredi 9 avril 2021

Sale Temps pour les Mouches

Sale temps pour les mouches

Ça crève à l’envie

Ça frissonne et ça pleure

Ça pue aussi

Pauvre humanité perdue

Esprits à la dérive 

Libertés en péril 

Le ciel s’ouvre sur nos têtes

Les orages se succèdent 

La Terre hurle de douleur

Et la foudre s’abat sur nos vies

Sale temps pour les mouches

Aucune arche ne nous sauvera

Aucun retour n’est possible

Les tornades nous ravagent

Les guerres éclatent 

Et le temps passe trop vite

Efface nos vies fragiles 

Lamine notre passé 

Les rageux nient l’Histoire 

La refondent en mauvais roman 

Notre futur s’assombrit 

Sale temps pour les mouches

C’est la vie même qui pue...

Ecrit à Beaucaire, le 09 avril 2021

jeudi 12 novembre 2020

LIVRE LIBRE


"Oh ! Maman regarde !" C'est elle qui m'a repéré en premier, la petite fille si mignonne qui s'ennuyait à suivre ses parents dans cette brocante. Elle a tiré sa mère jusqu'à moi et toutes deux se sont penchées sur ma couverture avec émerveillement. La maman m'a pris délicatement dans ses mains, en veillant à ne pas m'abîmer, elle a tourné mes pages très lentement, presque révérencieusement... "Un livre !" a dit alors le père en les rejoignant "Cà alors ! Je n'en ai pas vu depuis que j'étais gamin." Il m'a examiné à son tour, avec des yeux brillants de joie et d'émotion, je vous jure que j'ai vu une larme perler au bord de ses cils... Et comme je le comprenais ! Si j'avais pu pleurer moi aussi, j'aurais délavé tous les mots, toutes les phrases de ce petit recueil de poésie à dire vrai assez quelconque. J'avais conscience d'avoir acquis une valeur inusitée au fil du temps, nous étions si peu à avoir survécu à ce que nous nommions entre nous "la grande flambée" depuis ce jour funeste où le gouvernement avait décrété que nous étions des nids à microbe et que nous propagions dangereusement la pandémie. Morts de peur, les paisibles citoyens s'étaient transformés en furies, nous jetant par la fenêtre de leurs maisons, nous arrachant des étagères des librairies et des bibliothèques, nous rassemblant ensuite pour nous jeter sans autre forme de procès dans des feux immenses ! Ils brûlèrent pendant plusieurs semaines ces feux, et j'y ai perdu tant de frères et soeurs que mon pauvre coeur s'est brisé, irrémédiablement... 

Je ne sais plus trop comment j'ai survécu. Sans doute ai-je été sauvé des flammes par un amoureux des livres, un irréductible qui ne supportait pas que l'on nous sacrifie sur l'autel des mesures sanitaires. Aujourd'hui je suis dans cette brocante, un peu caché tout de même parce que la brave dame qui a loué cet emplacement craint d'avoir une amende si je suis dénoncé. Elle m'a gentiment nettoyé de la poussière accumulée au fil de mes pérégrinations, m'a rafistolé autant qu'elle le pouvait, et m'a proposé de m'offrir une nouvelle vie. J'ai dit oui, bien sûr ! Et peut-être que la gentille famille qui se penche sur moi en ce moment me prendra chez elle, m'installera dans une belle bibliothèque avec d'autres rescapés, et nous gardera tous... Je sens déjà mes pages frémir entre leurs mains, je ressens leurs émotions et leur plaisir, je revis !

Vous pensez que j'ai tort d'espérer ? Mais je suis un livre, un recueil de poésie qui justement chante l'espoir et l'amour tout au long de sa cinquantaine de pages. Je suis petit, c'est vrai, je n'ai pas l'arrogante assurance d'une anthologie, mais je ne me laisserai pas déloger à nouveau sans réagir. La première fois ils m'ont eu par surprise, aujourd'hui je suis prêt ! Venez, je vous attends. Vous n'avez plus le droit de me brûler, je suis devenu un objet rare, un objet de valeur, et quoi que vous me fassiez, les mots et les phrases inscrits dans mes pages demeureront. Certains les ont appris par cœur, il les feront revivre, ils les déclameront, ils les chanteront, ils leur offriront la gloire. Moi je ne suis qu'un porteur, les mots sont le message. Et les autres, tous les autres qui ne lisent pas, qui ne nous aiment pas, je leur demande juste de me laisser vivre. Aujourd'hui j'ai gagné mon combat, je suis un livre libre.

Ecrit à Beaucaire,

le 12 novembre 2020