vendredi 29 mai 2020

TOUT QUITTER...

Tout quitter pour démarrer une nouvelle vie, recommencer en d'autres lieux en se donnant une chance de réaliser un très vieux rêve... C'est cela qui me taraude depuis quelques temps ! Ce besoin irrépressible de changement, d'horizons plus vastes, de paysages arides sur lesquels se brisent les incertitudes. Cette netteté de la roche et de la terre brute, cette ombre rare et précieuse d'arbres qui croissent vaillamment en terres hostiles, ces tâches de couleur qui exaltent le bleu pur d'un ciel inégalé... Je ressens l'absolue nécessité de retourner à ma terre, non pas celle de ma naissance mais celle que mon cœur a faite sienne.

Longtemps j'ai cru que je pourrais construire ma vie en dépit de mes racines, je me suis trompée. Le bonheur ce n'est pas se satisfaire de ce que l'on a en fermant la porte à ses rêves. Ce n'est pas non plus de rester auprès de ceux que l'on aime en attendant qu'ils comblent votre soif d'absolu. Parce que une seule chose au monde peut y répondre : fouler de mes pieds nus la terre qui a nourri mon âme.

Je dis depuis longtemps que je ne veux pas mourir ici, en France. Ce n'est pas une question d'amour de mon pays, celui-ci est indéniable, c'est simplement la certitude que je ne saurais jamais reposer en paix ailleurs que chez moi. Il y a le pays qui vous voit naître et vous donne votre nationalité, et celui qui construit votre identité. Parfois ce sont les mêmes, parfois ils diffèrent... C'est pourquoi je me suis sentie si longtemps étrangère dans mon propre pays lorsque j'y suis "rentrée", selon la formule consacrée. Pour être franche je n'ai pas eu le sentiment de rentrer mais celui de me perdre... Malgré le fait d'avoir rencontré le soir même de mon arrivée l'homme qui allait devenir le père de ma fille et le pivot de ma vie, j'ai mis près de cinq ans à m'acclimater et à me sentir enfin chez moi. Le climat, les gens, les contraintes d'une ville comme Paris, les mœurs si différents de ce que j'avais toujours connu, ont été extrêmement difficiles à accepter. Je me flatte pourtant de posséder une très grande faculté d'adaptation, et je me suis en effet rapidement adaptée à ma nouvelle vie, mais je n'étais pas heureuse. Je souffrais d'un manque impossible à combler qui ne m'a toujours pas lâchée ! Malgré les années écoulées j'ai la plupart du temps le sentiment de vivre avec un trou au cœur...

Ecrit à Beaucaire, le 27 avril 2020

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